Les thérapeutes esséniens :
des naturopathes avant la lettre

 

QUI ETAIENT LES ESSENIENS ?

La communauté des Esséniens vécut deux à trois siècles avant JC et pendant le 1er siècle après JC, dans la région de la mer Morte en Palestine, ainsi qu’au bord du lac Maréotis en Egypte (où ils étaient appelés les Thérapeutes).

Comment connaît-on les esséniens ?

Les Esséniens et les thérapeutes sont connus par les descriptions qu’en ont données les historiens de l’époque, Flavius Josèphe, Pline l’Ancien et Philon d’Alexandrie.

Mais c’est surtout en 1947 que leur nom a rapidement fait le tour du monde, avec la découverte des manuscrits de la mer morte, dans onze grottes à flanc de falaise surplombant le ravin de Qumran. Les rouleaux de la bibliothèque des esséniens ont permis de mieux connaître leur mode de vie et leur enseignement

Cependant, près de 20 ans avant la découverte des manuscrits de la mer morte, Edmond Bordeaux-Szekely, archéologue et biochimiste, avait déjà révélé des preuves de l’existence des esséniens. 

Il consacra sa vie à l’étude des esséniens et mena ses recherches jusque dans les archives du Vatican. Il nous fit connaître leur extraordinaire héritage et ses applications pratiques pour l’homme contemporain. Dans ses ouvrages L'Evangile essénien, et La vie biogénique on retrouve les grands principes de la naturopathie moderne.  

 

2. MODE DE VIE ET ENSEIGNEMENT DES ESSENIENS

Pour bien comprendre la façon dont les esséniens abordaient les questions de santé et des soins à donner aux malades, il me paraît nécessaire de dire d’abord quelques mots sur leur mode de vie et sur l’enseignement qu’ils suivaient.

UNE COMMUNAUTE FRATERNELLE

Les esséniens vivaient loin des cités. Ils se retiraient volontairement du monde pour se consacrer à la vie spirituelle, et formaient de petites communautés groupées autour d’un monastère-école. 

Ils avaient établi leur propre système économique, et un fait marquant de cette communauté était la mise en commun de tous les biens (vêtements, nourriture, etc…) et leur redistribution selon les besoins de chaque membre. Tous les membres de la communauté se considéraient les uns les autres comme des frères et des sœurs.

Excellents agriculteurs et arboriculteurs, ils possédaient une profonde connaissance des sols et des plantes, ce qui leur permettait de faire pousser une grande variété de fruits et légumes même dans les régions désertiques où ils vivaient.

Ils consacraient beaucoup de temps à l’étude des textes anciens et des diverses branches du savoir, de la médecine à l’astronomie.

ORGANISATION DE LA JOURNEE CHEZ LES ESSENIENS

Avant le lever du soleil, la communauté se rassemble dans une grande salle de réunion. On ne se permet aucune parole profane, on se met dans un état d’accueil. Juste avant le lever du soleil il y a des prières ou l’on demande aux forces des lumières de triompher des ténèbres. 

Quand le soleil se lève c’est un moment très important : chacun remercie la lumière de venir l’assister, l’aider à combattre. 

Deux Esséniens aux champs

Puis chacun vaque à son travail jusqu’à 11 h Le travail a lieu dans l’enceinte du monastère : potier, teinturier, copiste, jardinier, cuisinier, boulanger...

A onze heures, chaque essénien se plonge nu dans l'eau froide en ne portant porte qu'un pagne de lin. C'est un bain purificateur, un baptême, soumis à des règles très précises : il faut une quantité d’eau suffisante dans le bassin pour recouvrir entièrement le corps. Pour entrer dedans il faut déjà que le frère soit pur de cœur, sinon l’eau serait souillée. 

Succède à cela le repas communautaire : élément très important de la vie à Qumram. C’est une véritable liturgie à laquelle ne participent que ceux qui sont définitivement engagés dans la communauté. Pour ce repas, on revêt des vêtements blancs. Lorsque tous les membres sont à leur place, le boulanger distribue un pain à chacun, puis le cuisinier remet une écuelle à chacun. La prière commence et termine le repas A la sortie, on défait ses vêtements sacrés et on retourne au travail jusqu’au soir.

Repas du soir, avec le même rituel

Veillée nocturne quand le soleil se couche jusque tard dans la nuit. Cette veillée dure trois heures et demie.

Les esséniens ont des taches multiples. Les plus instruits sont généralement thérapeutes.

Il y avait aussi les frères convers, qui n’avaient pas trop de capacités intellectuelles et qui s’occupent de taches plus manuelles : constructions, entretien du site etc… 

On estime que vivaient à Qumran 400 esséniens, peut être 4000 à une certaine époque.

 

L’IMPORTANCE DE LA PURETE

Les esséniens étaient des ascètes. Ils représentent une branche du judaïsme, qui s’est opposée aux Pharisiens, qui sont à cette époque l’autorité religieuse officielle. Ils leur reprochent de ne pas suivre rigoureusement la Loi de Moïse, mais de céder au confort, à la richesse, aux plaisirs du monde, ce qui est pour les esséniens est complètement proscrit et contraire à la mission qu’ils se sont assigné.

Les esséniens sont donc complètement focalisés sur cet état de pureté, et pour symboliser cette consécration à la pureté, ils sont vêtus de blanc dans une seule pièce de lin, ils prennent des bains rituels à l’eau froide etc…

Pour faire partie de la communauté, les membres devaient d’abord passer par un noviciat de trois ans pendant lesquels il leur fallait montrer leur maîtrise,  à la suite de quoi il prêtait serment pour entrer dans une sorte de vie monacale. 

Ils vivaient selon des règles très strictes, par exemple :

  1. Alimentation végétarienne, et qui ne devait pas subir de transformation ; 
  2. Célibat, continence ;
  3. Si un des frères était pris à mentir, à se mettre en colère contre un autre, à cracher ou même rire pendant une réunion, c’était puni de 1 à 6 mois d’exclusion de la collectivité.

Précisons que pour les essénien, « l’impureté » n’est pas une notion d’ordre moral. Il s’agit d’une notion essentiellement physique, énergétique : être pur c’est tout simplement être en harmonie énergétique. Or qu’est-ce qui peut dégrader l’harmonie énergétique ? Et bien par exemple de manger des aliments impurs, toucher un cadavre, voire simplement de s’asseoir là où auparavant se serait assis quelqu’un qui aurait laissé ses miasmes éthériques, etc.

On comprend pourquoi les esséniens fuyaient les villes… pour ne pas être en contact avec des populations qui vivent dans le confort, les plaisirs, les richesses, et qui auraient pu les détourner de leur ascèse. 

Or toutes ces prescriptions d’hygiène et de purification n’ont finalement qu’un seul but, résumé dans cet extrait de l’Evangile Essénien

« Ne souillez ni votre corps ni votre esprit, car le corps est le temple de l’esprit, et l’esprit le temple de Dieu. C’est pourquoi vous devez purifier le temple afin que le Seigneur puisse venir y occuper une place digne de Lui. » 

 

L’ENSEIGNEMENT ESSENIEN : UNE VISION DUALISTE DU MONDE

Les esséniens étaient dépositaires d’un savoir ésotérique secret qui leur a donné le nom des anges, l’histoire du monde des origines jusqu’à la fin, le partage du monde entre l’esprit de lumière et celui des ténèbres, et une connaissance symbolique de la lecture traditionnelle des textes. 

Les fondements de leur enseignement se trouveraient dans le Zend Avesta de Zarathoustra, qui fut à l’origine de la civilisation persane et contient les principes fondamentaux du brahmanisme tels qu’ils apparaissent dans les Veda et les Upanisad.

Le dogme fondamental des esséniens est le suivant : il y a deux esprits : 

l’esprit du bien, ou le prince de lumière ou l’ange de vérité ; 

l’esprit du mal, ou ange des ténèbres, ou Satan. 

 

Selon eux, nous aurions tous en nous une part de lumière, une part d’ombre, qui peut même être connue par l’horoscope, mais des gens sont davantage du côté lumière d’autre davantage du coté des ténèbres.

Cependant, pour les esséniens ces deux principes viennent de Dieu : il n’y a pas un dieu du bien et un dieu du mal, mais il y a un esprit du bien et un esprit du mal, qui dépendent tous les deux de Dieu, et qui s’affrontent parce que Dieu le veut bien. Et ce combat se termine par la victoire des fils de la lumière, alors que ceux qui ont suivi le mal seront anéantis au jour du jugement. 

Dans la plupart des civilisations, l’homme a été conscient d’être entouré de forces invisibles, et pour exprimer sa relation avec les forces qui l’environnent, on trouve souvent la symbolique de l’Arbre de Vie.

Les esséniens y ajoutèrent leur connaissance de l’angéologie. 

Chaque racine et chaque branche de l’arbre représente une force différente, désignées sous le nom d’anges : 7 forces cosmiques du ciel, et 7 forces cosmiques de la terre, qui sont invoquées dans la plupart des activités quotidiennes et donc également dans les soins prodigués aux malades.

Pour eux, la santé, l’équilibre de l’homme, dépendait de sa relation harmonieuse avec chacune de ces énergies, car l’homme se situe au centre de l’Arbre. Pour maintenir cet équilibre, il fallait consentir des efforts quotidiens d’où les pratiques rigoureuses que les esséniens s’imposaient.

 

3. LES PRATIQUES DE SANTE CHEZ LES ESSENIENS

La majorité des esséniens étaient thérapeutes et étaient très appréciés et considérés pour l'efficacité de leurs soins, qu’ils dispensaient en outre gratuitement.

Leur médecine tenait compte de l'individu dans sa globalité, et on retrouve chez les esséniens les deux branches de la naturopathie, avec d’une part une grande importance accordée à la prévention avec des règles d’hygiène vitale très strictes, et d’autre part une approche thérapeutique, avec la mise en place d’actions visant au rétablissement d’une bonne circulation de l’énergie dans tous les plans de l’être.

On va retrouver également quelques unes des 10 techniques de la naturopathie moderne dans la façon dont les esséniens abordaient les questions de santé. 

 

ALIMENTATION

Quoi manger ?

Pour l’alimentation comme pour tout le reste, les esséniens appliquent toujours les commandements de la Loi, afin de ne pas connaître la maladie : « Honore ton Père céleste et ta Mère terrestre, et suis leurs commandements afin que tes jours soient prolongés sur la terre ». 

Le deuxième commandement est « Tu ne tueras point ». Il n’est donc pas question pour les esséniens de manger des animaux, car « celui qui tue se tue lui-même et celui qui mange la chair des animaux abattus mange le corps de la mort. Dans son sang, chaque goutte de leur sang devient poison, dans son haleine, leur haleine devient fétide, dans sa chair, leur chair devient abcès purulent ».

Ainsi, les seuls aliments autorisés étaient les fruits, les légumes, les graines et les herbes des champs, le lait, le miel. « Ils vous vivifieront, mais si vous tuez pour obtenir votre nourriture, la chair morte vous tuera à son tour. Car la vie procède seulement de la vie, et de la mort ne sort toujours que la mort. »

De plus, la qualité vitale de l’aliment était essentielle. Il convenait de manger les aliments les plus vivants possibles. Ainsi les esséniens se nourrissaient, selon Pline l’Ancien de graines germées et de jeunes pousses vertes, et ils cueillaient les fruits et légumes dans leurs jardins juste avant de les manger.

Les aliments doivent être consommés crus, ou cuits au soleil c'est-à-dire à une chaleur qui ne dépasse pas le feu de vie (comme pour le pain essène) :

« Vous ne devez rien manger de ce que le feu, le froid, ou l’eau ont transformé. Car les aliments cuits, gelés ou avariés brûlent, refroidissent, ou empoisonnent votre corps. »

Les autres recommandations nutritionnelles qu’appliquaient les esséniens :

Ne pas mélanger plusieurs sortes d’aliments au cours d’un repas ;

Ne jamais manger jusqu’à satiété. « Evaluez la quantité pour être rassasié et diminuer là d’un tiers » ;

Manger les fruits et aliments de saison, et uniquement ceux qui sont produits dans la région.

En appliquant ces principes à leurs patients, les esséniens pouvaient obtenir des guérisons remarquables.

 

Comment manger ?

Sur le plan de l'alimentation, la pensée était aussi essentielle. Les Esséniens avaient une alimentation végétarienne et la plus pure possible, mais surtout ils mangeaient avec conscience et dans la paix.

C’est l’état d’harmonie qui règne quand on mange qui entretient la santé, tandis que les émotions négatives vécues lors du repas peuvent rendre malades : « Tout ce que vous mangez dans la tristesse, dans la colère, ou sans appétit, se transforme en poison dans votre corps. »

Pendant le repas, la Règle souligne l’importance de respirer profondément (reliance à l’ange de l’air), et de bien mastiquer jusqu’à rendre la nourriture complètement fluide (reliance à l’ange de l’eau). Il faut manger lentement, comme une prière adressée au Seigneur. Le repas est vécu comme un véritable communion : à travers la nourriture, on communie avec l’Etre qui est en toutes choses. « La table du seigneur est un autel ».

 

Diététique : purification par le jeûne

Le jeûne est considéré par les esséniens comme la seule pratique capable d’évacuer les souillures et de chasser les esprits impurs qui ont pris possession du corps, et qui sont source de toutes les maladies.

Pour les thérapeutes esséniens une maladie de nature infectieuse était contrôlée par une sorte d’entité-maladie, d’où l’utilisation de certains rituels que nous qualifierions aujourd’hui de magique.

« Régénérez vous et jeûnez ! car Satan et ses maléfices ne peuvent être chassés que par le jeûne et la prière. »

Durant le jeûne, il était prescrit de rechercher la solitude et de se rendre dans la nature, pour rechercher la compagnie des anges des 4 éléments. 

Ainsi des exercices de respirations étaient pratiqués en plein air, dans la forêt ou les champs, en se reliant à l’ange de l’air. 

En se baignant et en pratiquant le lavement intestinal, l’ange de l’eau était invoqué. 

Pour compléter la purification, le corps était exposé à la lumière, en priant l’ange du soleil. 

« Tous les péchés, toutes les souillures quitteront en hâte le corps qui est purifié par ces 3 anges ».

La description qui est donnée lorsque les maux et les impuretés quittent le corps à l’issue du jeûne, est spectaculaire : « l’haleine des uns devint aussi fétide que les matières qui s’échappent des intestins, certains voyaient une sueur infecte filtrer par tous les pores de leur peau, sur plus d’un membre se formèrent d’énormes abcès libérant un pus malodorant, la plupart expulsaient de leurs intestins des vents putrides […] Les démons quittèrent leurs entrailles sous la forme d’innombrables vers qui grouillaient dans le limon pollué par tous ces excréments. »

Outre le jeûne de longue durée, il était recommandé de jeûner durant un jour chaque semaine.

 

L'HYDROTHERAPIE

L'Evangile des Esséniens nous donne une description très détaillée du lavement intestinal ou hydrothérapie du colon, afin d’éliminer les déchets accumulés qui induisent une auto-intoxication du corps (d’où perte de vitalité, états d’anxiété, agressivité etc…), et également de chasser des entités qui auraient pris possession du corps.

"Cherchez un potiron […] retirez-en la pulpe et remplissez-le avec de l'eau de rivière, laissez-le chauffer au soleil. Suspendez-le à une branche d'arbre et mettez-vous à genoux par terre, face à l'ange de l'eau; introduisez l'extrémité de la tige dans votre postérieur, afin que l'eau s'écoule à travers vos viscères: laissez ensuite que l'eau s'échappe de votre corps, pour que celui-ci expulse toutes les substances impures et puantes de Satan. Et vous verrez de vos yeux et vous sentirez avec vos narines toute la pourriture qui souille le temple de votre corps." 

 

LA PSYCHOLOGIE

Les esséniens estimaient que la maladie pouvait naître sur les plans subtils et continuer son parcourt durant des mois, voire des années jusqu'au corps physique. La maladie était donc vue d’abord comme un signal, qui indiquait que quelque chose n’allait pas entre les différents niveaux de l’être.

L’idée étant que quand il n’y a plus cohérence entre ses actes, ses pensées et ses sentiments, cela va perturber la santé, vu que la santé est considérée comme un état d’harmonie entre tous ces plans. 

Sur le plan émotionnel par exemple, le thérapeute essénien soulignait l’importance d’observer ses émotions, pour en arriver à prendre conscience de ses aspirations profondes, essentielles.

Ils expliquaient que la plupart du temps, c’est tout l’inverse qui se passe, car l’individu subit forcément depuis sa petite enfance, un conditionnement de la part de ses parents d’abord, puis du monde qui l’entoure.

Ainsi, pour plaire aux gens de sa famille (qui voudraient bien qu’il soit comme ci ou comme ça), pour plaire à la société dans laquelle il vit (avec ses règles morales, ses échelles des valeurs, « il est convenable d’agir de telle façon, d’être d’accord avec tel schéma de pensée »), bref pour plaire à son entourage, l’individu va essayer de se conformer aux attentes et aux désirs des autres, parce qu’il veut que les autres l’aiment. Il va même finir par s’identifier aux désirs des autres en croyant que c’est les siens.

Il y avait donc tout un travail à faire pour retrouver ses désirs profonds, et c’est ce que les thérapeutes appelaient le soin éthique, se dégager du conditionnement, se dégager de ce qui est issu des autres, pour permettre au patient de retrouver sa liberté et d’exprimer ce qu’il est vraiment, 

Les esséniens proposaient aussi de bien se préparer au sommeil afin de produire des rêves positifs, des « rêves enseignants », car le rêve était considéré comme porteur de vérité révélée.

 

LES SOINS PAR LES PLANTES et LES MASSAGES

Les esséniens avaient des connaissances incroyables des pouvoirs curatifs des racines, des plantes, et même des pierres.

Ils utilisaient les huiles pour faire des onctions du corps. Les huiles essentielles notamment, étaient connues pour agir sur le corps énergétique.

En fait les huiles représentaient le support par lequel le subtil pouvait se faufiler jusqu’à l’intérieur de la matière dense. Donc les esséniens y ajoutaient des rituels, ils « imprimaient » dans l’huile l’image d’un archétype dont ils avaient appelé la vision en rêve. L’huile était alors vraiment centrée sur la personne et ses symptômes, et l’archétype qui descendait à travers l’huile essentielle était alors sensé agir à la manière d’un chef d’orchestre capable de tout re-synchroniser. 

Les massages et le rapport tactile en général étaient presque systématiquement utilisé par les esséniens, d’une part parce que l’utilisation des huiles les y poussait, d’autre part parce que ils avaient remarqué que certaines zones du corps vont conserver, emprisonner des mémoires douloureuses, des souffrances, comme des verrous qu’il fallait faire sauter. Ils repéraient ces zones de blessures en étant attentif à la qualité de la peau ainsi qu’à sa chaleur.

La salive était employée dans les processus des soins au début de chaque séance. Le thérapeute la mêlait en petite quantité avec un peu de terre que le malade avait prélevé sur le lieu même où il vivait. Le mélange était posé en onction au sommet du front et sur le point du corps qui était souffrant. La raison étant que la salive présenterait un extraordinaire concentré d’énergie vitale, ou prana : mêlée à un peu de terre, la salive servait d’amplificateur d’énergie à la terre et la tonifiait, ce qui devait permettre de réinstaurer l’harmonie entre la terre et celui qui souffrait.

 

LES SOINS ENERGETIQUES ET SPIRITUELS

Certains thérapeutes esséniens pouvaient pratiquer une lecture des auras de la personne, pour déterminer sur quel plan se situait l’origine de la maladie : le corps physique, l'éthérique, l'astral, le mental

Les soins esséniens pouvaient ensuite agir sur des points énergétiques précis, pour rétablir l'équilibre subtil existant entre l'âme et le corps, les chakras, la circulation de l’énergie qui a été perturbée par les difficultés de la vie quotidienne ou la maladie.

 

Le thérapeute utilisait également la prière, dans le but de relier le malade à la source même de son être. 

On retrouve là l’étymologie du mot « religion » et du mot « yoga » qui signifient « être relié ».

Relié à cette source de vie, par la prière, le thérapeute invoquait un Nom Sacré, afin d’appeler une énergie sur la personne qu’il accompagnait, d’accueillir une Présence.

 

LES SOINS PAR LES SONS ET LA LUMIERE 

Avec la lumière et le son que les thérapeutes émettaient auprès du malade, il semble qu’ils pouvaient obtenir des guérisons que la plupart des habitant du pays considéraient comme des miracles. 

Il y avait une écoute du son produit par chaque organe (pour détecter le problème), et l’émission d’un son approprié, qui constituait un élément de thérapie en tant que tel. Le principe fondamental qui était avancé pouvant se résumer ainsi : « le Verbe étant à l'origine de toute création, le son peut donc rendre l'harmonie là où il n'y en a plus ».

Des exercices de respiration de la lumière étaient également pratiqués pour guérir et purifier l’aura, en utilisant notamment les 7 rayons de couleurs qui composent la lumière blanche.

 

C’EST LA NATURE QUI GUERIT

Le mot thérapeutès en grec, signifie d’abord soigner, prendre soin. Le thérapeute ne guérit pas, il soigne. Il considère que c’est la nature qui guérit, ce sont les forces cosmiques qui guérissent, celles là même qui sont représentées dans l’Arbre de Vie essénien.

Le thérapeute essénien s’efforçait de pacifier, de renouer des liens coupés par lesquels les courants vitaux pourront à nouveau jouer leur rôle. Pour soigner quelqu’un, il s’agissait de s’appuyer sur ce qui en lui n’était pas malade, pour rétablir l’équilibre dans le corps désordonné, qui a perdu son axe et son enracinement profond, ce qui peut se résumer dans la maxime suivante :

« Seul ce qui est sain en nous peut nous guérir ».

Pour conclure, laissons la parole à Edmond Bordeaux-Szekely (cf “La Vie Biogénique”) :

Obsédée par un esprit de cupidité et de compétition, notre société dévaste et gaspille follement le capital précieux des ressources naturelles de la planète pour produire une marée sans fin de biens de consommations inutiles, non biodégradables et non recyclables. 

Ainsi se développe a une vitesse vertigineuse une pollution sans cesse croissante des sources de la vie sur terre - atmosphère, océans, rivières, lacs, sols, champs, forets - détruisant a jamais des milliers de formes de vie créées il y a des millions d’années. Dans un très proche futur, l’industrie géante centralisée, nous aura complètement séparé de la nature, et nous achèvera en immolant nos corps affaiblis, anémiques et malades au sommet d’une montagne de déchets empoisonnés aussi grande que la planète”

Pour apprendre a réorganiser la vie quotidienne d’une façon nouvelle, créative et intelligente, la pensée essénienne a sa place auprès des écrits inspirés bouddhiques, hindous, chinois, aztèques ou issus d’autres traditions anciennes. Toutes, avant être déformées par les religions institutionnalisées, affirment que notre corps et l’univers qui nous entoure ne sont pas nos ennemis, mais bien de merveilleux enseignants nous invitant a créer une relation harmonieuse avec tout ce qui vit en nous et autour de nous.

Ce n’est qu’en suivant son intuition profonde (et son instinct, qui en est la composition biologique) que l’être humain peut se délivrer des prisons qu’il a lui-même créées par un mode de vie et de pensée dénaturé et déraciné.

Les puissances invisibles qui nous entourent, ces forces de la nature que les Esséniens appelaient “anges”, ont exprimé à toutes les époques par la bouche des prophètes et des sages un message d’une grande simplicité : “cesse d’avoir peur, l’univers ne t’est pas hostile. Tu es l’héritier du royaume du père céleste et du royaume de la mère terrestre. Si tu honores leurs lois, tu recevras santé, vitalité, joie et épanouissement a chaque moment de ta vie sur terre !”

 

Par Yannick Ferrer, naturopathe

 

Sources :

La Vie Biogénique, Edmond Bordeaux-Szekely, Ed. Vivez Soleil 

L'Evangile essénien, Edmond Bordeaux-Szekely, Ed. Vivez Soleil

Prendre soin de l'être – Philon et les Thérapeutes d'Alexandrie, Jean-Yves Leloup, « Spiritualités vivantes », Albin Michel, 1993

Ainsi soignaient-ils (des Egyptiens aux Esséniens, une approche de la thérapie), Daniel Maurois-Givaudan, Ed. Le Perséa

Lecture d'auras et soins esséniens : Thérapies d'hier et d'aujourd'hui, Anne Givaudan (Broché - 2000)

Respirer la lumière, 120 méthodes esséniennes, Olivier Manitara, Ed. Trajectoire