Huiles essentielles : leurs propriétés
selon leurs familles biochimiques

Les huiles essentielles peuvent contenir des centaines de molécules chimiques, analysables par chromatographie. En fonction des molécules chimiques dominantes, ou des molécules les plus caractéristiques (c'est la notion de chémotype), on pourra classer l’huile essentielle dans une ou plusieurs familles biochimiques.

Chaque famille biochimique possède des propriétés similaires : ainsi des huiles essentielles aussi différentes que tea tree et palmarosa partagent des propriétés anti infectieuses, et sont toutes les deux amies de la peau !

Je vous propose ainsi un tour d'horizon des principales familles d'huiles essentielles pour avoir un premier aperçu de leurs usages et recommandations.

 

Précautions d’emploi

On ne répétera jamais assez que l'utilisation des huiles essentielles peut être dangereuse si on ne respecte pas les précautions d'emploi.

En usage externe (massage), qui est la voie à privilégier, elles doivent être diluées dans une huile végétale à raison de  5% à 20% selon les huiles et la localisation (très rarement 50% et très exceptionnellement pures sur la peau)

Pour celles qui peuvent être prises par voie orale, il faudra limiter la prise à quelques jours et toujours disperser dans de l'huile d'olive, du miel ou un comprimé neutre.

Contre-indications

De plus, il existe de nombreuses contre-indications : les femmes enceintes et allaitantes, les enfants de moins de 7 ans (voire moins de 12 ans pour les cétones et les phénols), les personnes allergiques, asthmatiques… En cas de doute, toujours vous référer à l'avis d'un spécialiste.

 

LES PHENOLS

Les huiles essentielles de la famille des phénols sont les plus puissantes sur les infections virales, bactériennes ou fongiques. Peu de germes résistent à leur action.

Attention leur utilisation doit se faire sur une très courte durée (5-6 jours maxi) car au-delà elles peuvent avoir un effet hépatotoxique ! 

La prise orale est possible mais avec de grandes précautions et sur une courte période : soit en capsules dosées (disponibles en pharmacie ou en boutique bio), soit diluées dans un dispersant (huile d’olive) ou sur un comprimé neutre. 

De plus les HE à phénols sont dermocaustiques, donc ne jamais les utiliser sur la peau et les muqueuses. 

La meilleure façon de les prendre serait en suppositoire (préparations à demander en pharmacie) : comme disait l’un de mes professeurs de naturopathie, « la voie royale, c’est la voie anale ! ».

Exemples : cannelle, origan, thym à thymol, sarriette des montagnes, clou de girofle.

L’HE d’origan agit comme un antibiotique extraordinaire, que ce soit sur les infections de la sphère ORL ou pour assainir la sphère digestive.

L’HE de cannelle écorce stimule beaucoup le système immunitaire, est réchauffante, et permet d’assainir la flore intestinale notamment en cas de gastro ou de candidose.

 

LES MONOTERPENOLS (= ALCOOLS)

Les huiles essentielles riches en alcools ont également des vertus anti infectieuses, mais sont beaucoup plus « douces » que les phénols et ne présentent pas leurs contre-indications. Cependant elles n’ont d’efficacité que sur certains germes seulement, loin de l’action large spectre des phénols.

Elles sont également intéressantes pour les soins de la peau et sur la circulation sanguine.

Exemples : géranium rose, bois de rose, palmarosa, lavande vraie, petit grain bigaradier, thym à linalol, sauge sclarée, néroli, cyprès, tea tree, marjolaine à coquille

Les HE de géranium rosat et de palmarosa sont des huiles remarquables pour les peaux sèches, ridées, manquant d’élasticité. Elles ont également des propriétés anti mycosiques en utilisation externe (massage).

L’HE de tea tree est un très bon antibactérien en cas d’infection ORL, utile aussi sur les terrains à mycose. Au niveau de la peau, elle est assainissante et pourra aider en cas de boutons de fièvre ou d’acné.

 

LES ALDEHYDES

Les huiles essentielles à aldéhydes, utilisées en massage (diluées dans une huile végétale) ont des propriétés anti inflammatoires, elles aident à « dissoudre » les cristaux logés dans les tissus et les tendons. 

En diffusion dans l’atmosphère, elles ont une odeur citronnée et répandent des ions négatifs (comme on en trouve dans l’air pur des montagnes) et apaisent le système nerveux.

Exemples : lemon grass, citron, orange mandarine, pamplemousse, bergamote, thym citronné, eucalyptus citronné, verveine citronnée.

L’HE d’eucalyptus citronnée est couramment employée en massage (diluée) pour soulager les douleurs articulaires (arthrite, tendinite) ou musculaires (crampes, contractures).

L’HE de verveine citronnée (Lippia citriodora), en plus d’être anti inflammatoire, est une excellente régulatrice du pole neuro-psychique, utile en cas de dépression (en onction ou en olfaction). 

L’HE d’orange est la grande huile des terrains anxieux.

L’HE citron a une action positive sur le foie et la vésicule biliaire.

Attention, les HE à aldéhydes sont photo- sensibilisantes, donc ne jamais les utiliser avant une exposition à la lumière. Elles peuvent également irriter les muqueuses si utilisées pures (tester l’intérieur du pli du bras)

 

LES CETONES

Les huiles essentielles riches en cétones sont mucolytiques (fluidifient les mucus), très fluidifiantes des catarrhes et encombrements (il sera utile de les associer aux oxydes, qui sont expectorants).

Egalement lipolytiques, elles aident à lutter contre la cellulite et la peau d’orange.

Exemple de cétones monoterpéniques : lavande aspic, romarin à camphre, sauge officinale, romarin à verbénone, menthe poivrée, eucalyptus globulus, cyprès bleu

Exemple de cétones sesquiterpéniques et diterpéniques : hélichryse italienne, cèdre de l’Atlas ; lédon du Groenland

L'eucalyptus globulus s'utilise pour faciliter l'expectoration et ses propriétés anti catarrhales et antiseptiques respiratoires, en massage sur le thorax et le dos. 

Le romarin à camphre pourra aider en cas de douleur rhumatismale ou arthrose ainsi que pour décontracter des crampes musculaires, en massage de la zone concernée. On pourra par exemple associer 2 gouttes de romarin à camphre dans 2 gouttes de gaulthérie couchée diluées dans 20 gouttes d'huile végétale.

Attention, les huiles essentielles riches en cétones sont neurotoxiques, épileptisantes, stupéfiantes, convulsivantes et abortives ! Donc à utiliser avec de grandes précautions, jamais en interne, et en cas de doute demander l’avis d’un spécialiste.

 

LES ETHERS

Les éthers aromatiques sont des antispasmodiques majeurs. Ils apaisent le système nerveux, et certains ont des vertus antalgiques et anti inflammatoires.

Exemples : basilic tropical, estragon, gaulthérie, wintergreen

L’HE de basilic tropical (ou exotique) est un remarquable anti spasmodique pour la sphère digestive (elle aide aussi en cas d’aérophagie) : 3 gouttes de HE dans 10 gouttes d'huile végétale en massage du ventre. C'est un allié des terrains nerveux, spasmophiles.

L’HE de gaulthérie couchée (gaultheria procumbens) a des propriétés antalgiques et anti inflammatoires, et s'utilise en massage,  notamment en cas de douleurs et problématiques des sportifs sur les muscles endoloris, courbaturés, ainsi que pour soulager les tendinites ou les rhumatismes.

 

LES ESTERS

Les huiles essentielles de la famille des esters sont en général calmantes, et sont des soutiens de la peau notamment lors des chutes hormonales. Certaines ont des vertus anti inflammatoires.

Exemples : sauge sclarée, hélichryse italienne, myrte vert ou rouge, camomille romaine

L'HE de hélichryse italienne (ou immortelle de Corse) est cicatrisante au niveau de la peau, et améliore la circulation sanguine en cas d’hématomes, œdèmes (en usage externe sur la zone à traiter). Elle pourra aussi faire partie d'une préparation anti jambes lourdes, incluant des HE de lentisque pistachier et de cèdre de l'Atlas, diluées à 20% dans de l'huile végétale.

L'HE de camomille romaine (ou camomille noble) a une action anti inflammatoire (en usage externe), et également calmante du système nerveux (en massage ou en olfactif), elle aide à apaiser les angoisses y compris les cauchemars à répétition.

 

LES MONOTERPENES

Les huiles essentielles de la famille des monoterpènes sont d'excellentes purifiantes atmosphériques (en diffusion) et oxygénantes de la sphère respiratoire (assainit les poumons)

Elles ont également une action anti fatique en soutenant les glandes surrénales (effet "cortisone-like").

Exemples : sapins, pins, épinettes, encens, myrtes (sont aussi dans les oxydes), genévrier, cyprès toujours vert, citron, pamplemousse

L'huile essentielle d'épinette noire est souvent conseillée en friction matinale sur les glandes surrénales (diluée dans une huile végétale) pour se tonifier, relancer l'énergie lors des fatigues hivernales.

L'huile essentielle de pin sylvestre, combinée à la ravintsara et l'eucalyptus globulus, a un effet décongestionnant en cas de bronchite, catarrhes, sinusites. On peut la diffuser dans l'atmosphère ou l'utiliser en friction sur la poitrine (toujours en respectant les dilutions d'usage).

Les monoterpènes sont à éviter chez les personnes souffrant de pathologie rénale.

 

LES OXYDES

Les oxydes sont très utiles sur la sphère respiratoire et pulmonaire : expectorants, anti infectieux et antivirales. Ils tonifient les glandes à mucine pour favoriser l'expulsion des germes indésirables.

Exemples : laurier noble, ravintsara deMadagascar, niaouli, myrte, eucalyptus radiata, hysope des montagnes

L'HE de ravintsara (Cinnamomum camphora) est connue pour ses propriétés antivirale et stimulante immunitaire. On peut l'utiliser par voie interne  à raison de 2 gouttes de HE, 2 fois par jour, en synergie avec de l'eucalyptus radiata, diluée dans 1 cuillère à soupe d'huile d'olive ou de miel.

L'HE de laurier noble peut accompagner un traitement de bronchite, sinusite, mais aussi améliorer une situation de mycose cutanée ou gynécologique. Intéressante également en cas de douleur d'arthrite ou névralgie. On pourra utiliser 2-3 gouttes diluées pour un massage du dos, du ventre ou de la zone douloureuse.

 

LES SESQUITERPENES

Les huiles à sesquiterpènes sont d'excellentes anti inflammatoires, mais très coûteuses, donc à réserver plutôt aux cas "graves" (comme des névralgies). Elles sont également hypotensives.

Exemples : camomille allemande (matricaire), plantes à azulène, lentisque pistachier, achillées (notamment l’achillée millefeuille mais attention aux cétones)

 

Bonne pratique, en respectant toutes les précautions d’usage !

 

par Yannick Ferrer, naturopathe